L'avionneur Boeing, cible privilégiée d'une guerre commerciale, est en train d'évaluer les dégâts possibles après l'escalade entre les États-Unis et la Chine, qui ont annoncé vendredi l'un après l'autre de nouveaux droits douaniers sur leurs importations réciproques.

« Nous sommes en train d'évaluer les répercussions de ces tarifs (douaniers) et les mesures de rétorsion qu'ils pourraient avoir sur notre chaîne d'approvisionnement et notre activité d'aviation civile », a déclaré par courriel à l'AFP un porte-parole du constructeur aéronautique.

Jusqu'à présent, Boeing, comme les autres grandes entreprises américaines présentes en Chine, avait appelé Washington et Pékin à privilégier le dialogue pour régler leurs divergences commerciales.

La trêve momentanée conclue le 19 mai entre les deux premières puissances économiques mondiales avait donné à penser que ses doléances avaient été exaucées.

« Nous allons continuer à collaborer avec les dirigeants des deux pays pour leur demander de poursuivre un dialogue constructif afin de résoudre leurs différences commerciales, et allons continuer de souligner les bénéfices économiques réciproques d'une industrie aérospatiale prospère et forte », a redit vendredi Boeing.

La Chine représentait l'an dernier 12,8 % des revenus totaux de Boeing, qui s'élevaient à 93,39 milliards de dollars, devant l'Europe (12,3 %).

Selon des experts, les risques pour Boeing sont à court terme minimes, car l'avionneur possède un carnet de commandes garni (5 864 avions) lui assurant une production ininterrompue au moins jusqu'à 2024.

En outre, la Chine, qui connaît une explosion du trafic de passagers, ne peut pas concrètement pousser les compagnies aériennes nationales, dans lesquelles elle détient des participations, à annuler des commandes ou à boycotter le constructeur américain, faute d'options, s'accordent ces experts.

L'avionneur local Comac, qui ambitionne de commercialiser bientôt le C919, un avion concurrent du 737 et de l'A320 d'Airbus, n'est pas encore capable de produire à grande échelle. Cet appareil n'a effectué son premier vol test qu'en décembre dernier.

De son côté, le constructeur européen Airbus pourrait certes récupérer des commandes, mais avec lui aussi un carnet de commandes bien garni et des lignes de production tendues, il ne serait sans doute pas en mesure de proposer des dates de livraison à un horizon satisfaisant au plan de développement des compagnies chinoises.

Pékin a annoncé vendredi des tarifs douaniers de 25 % à partir du 6 juillet sur 34 milliards de dollars d'importations américaines, dont des produits automobiles, en réponse à la décision de l'administration Trump d'imposer 25 % de droits de douane sur 50 milliards de dollars de biens chinois, dont 34 milliards à partir du 6 juillet également.